Forêt II

– Peinture à l’huile et acrylique sur toile, 89 cm x 116 cm – 2019.

Quand effacer revient à révéler.

 

Forêt, le « hors de la cité », peut-être même hors du temps ; alors lieu sauvage de l’épreuve, de l’initiation.
Foret, instrument servant à percer.

 

Des rayons X auraient permis de voir à l’intérieur d’une tapisserie :
avant d’être recouverte de fils, la toile de lin aurait été peinte,
et cette peinture découverte n’aurait rien à voir avec le motif brodé ultérieurement.

in L’Emanticipation daté du 21 mars 2028

 

La toile, c’est le rapport à la trame (de l’histoire), qui suggère une succession de couches. C’est également le support autorisant la mobilité de la peinture, à mi-chemin entre les fresques, qui restaient à demeure, et les tapisseries, qui furent les premières œuvres picturales itinérantes.

Certains tableaux sont la superposition de plusieurs œuvres dont nous ne pouvions admirer, jusqu’à récemment, que la couche la plus récente, la ou les couche(s) antérieure(s) ayant été recouverte(s). Ceux-là abritent donc des images fantôme, invisibles mais bien présentes.

Les nouvelles technologies permettent paradoxalement de dévoiler ces couches antérieures, et autorisent la cohabitation entre les différentes temporalités.

A partir de ce constat, les Forêts proposent une réflexion sur l’évolution des œuvres d’art dans le temps, dans leur forme et leur réception.

Elles représentent l’écrasement, la superposition et la révélation de trois états de toiles fictives :

  • la première couche, qui apparaît seulement en partie (en bleu – «blueprint»), figurerait une toile vue aux rayons x ;
  • la deuxième couche est constituée d’une tapisserie en « verdure » d’Aubusson du XVIIIe qui aurait été tissée sur la toile peinte ;
  • la troisième couche est celle, contemporaine, qui après gommage numérique, révélerait en partie la couche primitive et la ferait cohabiter avec la deuxième couche, créant une tierce image picturale, à mi-chemin entre présence et absence.

Ainsi le temps présent est-il figuré par la matérialisation concrète d’une coexistence a priori impossible.

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